Photographe : Fréderic Latinis et Luc Bernard

Notre Shakespeare

Du projet Shakespeare à Notre Shakespeare  2009 – 2012

(…) Grâce à Shakespeare, le brut et le sacré, le haut et le bas, le ciel et la merde s‘enlacent (…)

Peter BROOK, Avec Shakespeare, Paris, Actes Sud, 1998, p. 8

Notre Shakespeare est une action culturelle partagée (mot emprunté à Philippe Henry chercheur au département théâtre à l’université paris 8 – Saint Denis) qui a vu le jour en 2009.

C’est une action orientée vers les arts de la scène à partir de 2 œuvres de Shakespeare (La tempête – Le songe d’une nuit d’été ) ayant un lien étroit avec la situation géopolitique de  de WB.  Cette action culturelle regroupait toutes les pratiques artistiques idéales pour la création d’un objet de théâtre.

Il s’agit des pratiques artistiques tels que le théâtre, la scénographie, les arts plastiques, le chant, le mouvement, la dramaturgie, la musique, la fabrication et la création d’accesoires et de costumes, la performance contemporaine..

Ces différentes pratiques ont été déclinées en atelier en fonction des populations qui étaient partie prenante. Nous avions 3 ateliers théâtre (adultes  - senior 4 ième âge – enfants) / Un atelier de performance et d’arts plastiques composé de déficient mentaux / Un atelier de dramaturgie / Un atelier de chant et mouvement / Un atelier musique / Un atelier de création et de fabrication de costumes et d’accessoires …

Notre Shakespeare a donné naissance à plusieurs spectacles et rencontres avec le public (2010 – 2011 – 2012)

 

L'objet de départ était d’amener un souffle nouveau, une autre manière de dire la culture, une autre façon d’y prendre part, de se l’approprier… C’était déjà un exercice du droit de participer à la culture et une expérimentation de la démocratie culturelle.

L’envie était de mobiliser le milieu associatif et psycho - social de Watermael‐Boitsfort afin de mettre en valeur les invisibles de cette commune socio- économiquement aisée. 

Nous voulions, également donner le droit de cité et valoriser ces individus « disqualifiés » par notre modèle de société.  L’envie était aussi d’ouvrir une voie, des espaces de vie par l’exercice des pratiques artistiques aux individus n'ayant plus vraiment le droit ni à l'expression, ni à la relation à l'autre, sans lien social, en rupture, cloisonné,...

Notre envie était de répondre à ce besoin de créativité qui ne trouve pas réponse chez tout le monde et d’œuvrer à transformation sociale.  

Notre Shakespeare était une micro utopie. Une vision du partage et de l’être ensemble. Faire en sorte que des personnes qui ne sont pas amenées à se rencontrer dans le quotidien puissent le faire sur un plateau de théâtre, dans un atelier de création et de fabrication d’accessoirs et de costumes, dans une école ou une résidence pour seniors, et que toutes ces personnes puissent, d'une manière ou d'une autre et avec les moyens dont ils disposent, être et faire ensemble, rêver le monde en chœur et parler une même langue : le désir, l’envie et la volonté d’être là, de faire collectif et de témoigner de cette expérience-là.

 

Dans un premier temps nous avons fait travailler librement les groupes sous forme d’ateliers hebdomadaires de façon séparée sur les pièces commune durant un certain temps, afin de créer une confiance réciproque.

Pour nous, l’atelier reste l’endroit des possibles et des commencements. Le point de départ pour un cheminement et une entrée dans un processus de création. C’est l’espace-temps (un cadre) pour l’exercice de la pratique artistique, l’expression et la créativité. Ce cadre donnent des facilités aux participants pour rencontrer, retrouver et reconnaître l'ailleurs en soi.

L’atelier est aussi un espace privilégié pour la naissance du collectif et du partage des forces. C’est la place centrale d’où part une sorte de « force sauvage » : une expression de soi.  Une autorisation à dire ou à faire des choses que le système n’autorise pas !

C’est également l’espace d’où émergent le sentiment et la sensation de liberté. Un cadre qui amène aux retrouvailles, un retour vers l’enfantin.

Nous avons ensuite eu des moments de rassemblements entre tous les groupes, le temps d’un week-end ou d’une journée, pour partager les matériaux.

A partir de là, nous avons fait travailler les groupes ensemble à partir de leurs similitudes ou de leurs différences, de leurs apports ou de la qualité des relations interpersonnelles.

 

Dans la mise en place de Notre Shakespeare, nous avons sans le vouloir donner naissance à une forme de culture propre. Par l’instauration de rites et de codes, ils étaient nécessaires parce que nous partageons et allons partager de nombreuses heures ensemble. On a créé plusieurs dispositifs des actions collectives. Nous avons organisé des moments de repas, des temps pour être ensemble, pour se rencontrer et se retrouver.

C’est aussi commencer à l’heure, prévoir des moments de pause pour se parler, prendre un café… Ces rituels préparent à l’entrée en création et en travail d’atelier… C’est par cette méthode et à travers une façon autonome de travailler ensemble qu’est née une histoire commune.

Au fil du processus, le public s'est élargi et d'autres personnes sont venues nous rejoindre.

Lors de cette aventure, nous avons donné naissance à un ensemble intergénérationnel, et interculturel, c’était comme la naissance d’une tribu.

 

A travers cette action nous avons témoigné de la possibilité de faire société autrement grâce aux langages spécifiques que sont les pratiques artistiques.

Nous avons vécu une expérience de laboratoire social et avons renforcé une façon de voir et de vivre le monde.

 

Notre Shakespeare a donné naissance à une transformation sociale et à une métanoya, une modification de conscience, transformation de point de vue.

 

Notre Shakespeare a donné vie a des tribuns faisant partie d’un ensemble pour témoigner de la nécessité de faire ensemble avec nos différences. Rassembler les gens dans une action qui fait du bien, rassembler et faire tribu, une sorte de collectivité, est de moins en moins fréquent… Notre Shakespeare témoigne du sentiment d’appartenance à ce que l’on pourrait appeler la communauté humaine.

Responsable de l'action culturelle
Fabrice Vandersmissen

Equipe artistique : Luc Bernard, Raphaëlle Blancherie Pascal Crochet, ,Angelo Dello Spedale Catalano, Catherine Evrard, Anne Rose Goyet, Gaetan Lejeune, Anne Lempereur, Nathalie Rjewsky, Pascale Vander Zypen.

Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de cette aventure. Et plus particulièrement Carine Derbaise, Bénédicte Lafontaine, Marie Karenzo, Gaël Turine, Fredéric Latinis, Aurore Mazy, Alissia Pater et Laetitia Noldé pour leur aide et leur soutien tout au long du processus.

Année
2009 - 2012