D’ « Emerveillement » à  « Notre Émerveillement » 2014 - 2016

L’origine « Emerveillement » trouve sa source à la fin d’une représentation du Projet Shakespeare en juin 2012 lors du dernier jour de la Fête des Fleurs. Le 3 juin 2012, beaucoup de personnes avaient un goût de trop peu… Ce goût de trop peu s’est manifesté tout autant du côté des acteurs du projet, que du côté des spectateurs. Cette sensation inassouvie exprimée par plusieurs montrait l’envie et le désir d’un prolongement, une demande de poursuite du projet. L’aventure Shakespeare a permis de mesurer les effets et impacts positifs sur les participants, que ce soit au niveau de la création du lien social, de la restauration de la confiance et du renforcement de l’estime de soi, de l’émancipation, de la rencontre des différences et de l’accès gratuit pour des occasionnels de la culture aux pratiques culturelles.

Emerveillement est un projet Arts de la scène à partir de « L’expérience de la beauté ». La question de l’expérience de la beauté peut se déployer à travers l’art ou la pratique d’un langage artistique. La créativité peut également être le moment où se manifeste le beau,  le vrai qui nous amène à nous dépasser nous-mêmes. La société nous conditionne par l’avoir, il est difficile d’y échapper. L’expérience de la beauté ne renvoie pas à l’avoir, ni à une logique de consommation, elle touche une dimension universelle de l’être ou de l’esprit.

Emerveillement était une invention permanente à partir de l’expérience de la beauté par les invisibles de Watermael – Boitsfort et au-delà. L’expérience de la beauté, thématique développée à travers le vécu des participants, les canons de beauté, la musique, la littérature... Le dedans et le dehors (beauté extérieure, beauté intérieure), l’étrangeté (la beauté de l’étrange), le geste (la beauté du geste)... La beauté concerne tout le monde peu importe la situation vécue par chacun. Elle est accessible à tous.

Emerveillement est une utopie portée par le désir de décloisonnement (sortir de l’entre soi) et de la rencontre des publics qui ne se rencontrent pas. (Population fragilisée à la marge des pratiques artistiques dans une situation de rupture et autres populations qui ont un intérêt pour la culture)

Donner naissance à une aventure collective, faire « collectif » dans une société qui prône l’individualisme. Répondre aux besoins de créativité et de lien social, à la nécessité de renforcer les liens fraternels et les rencontres dans une société où règne le compartimentage, l’uniformisation et la méfiance. Répondre au besoin de partager et de rassembler les différences (générationnelles, sociales, culturelles, physiques et mentales) et les forces de chacun. Valoriser les invisibles de Watermael – Boitsfort et d’ailleurs. Participer à la création et à la production théâtrale. Travailler sur les préjugés, la vieillesse, le handicap et les fracturés de la société. Inventer et créer ensemble durant tout le processus. Construire à partir des potentiels et des envies des populations et des partenaires en présence. Replacer des personnes dans un contexte d’expériences de création et de reliance sociale (faire lien, provoquer des rencontres artistiques et humaines). Travailler le regard et se laisser pénétrer par la beauté qui nous entoure.

Emerveillement est le prolongement (la renaissance) d’une action culturelle antérieure (Notre Shakespeare 2009 - 2012). La concrétisation d’une demande des participants et des partenaires.

Emerveillement regroupe toutes les pratiques artistiques idéales pour la création d’un objet de théâtre, Le projet est composé d’ateliers de différentes pratiques artistiques. Ces ateliers travaillent sous forme d’ilots à partir d’une même thématique et des vécus des participants. Certains ateliers travaillent en tandem avec deux animateurs artistes. D’autres ateliers croisent les pratiques artistiques (arts plastiques et théâtre, chant et mouvement).

Emerveillement est composé des pratiques artistiques tels que le théâtre, la scénographie et les arts plastiques, le chant – le mouvement, la dramaturgie, la fabrication de costumes.

Dans Emerveillement, il y a :

• Un atelier théâtre pour adultes ;
• Un atelier de dramaturgie ;
• Un atelier de création et de fabrication d’accessoires et de costumes ;
• Un atelier de théâtre et de performances plastiques contemporaines pour déficients mentaux et personnes du 4ème âge ;
• Un atelier de chant et de mouvement.

C’est avec la mise en commun du travail réalisé au sein de chaque atelier qu’est né l’objet de théâtre : « Notre Emerveillement »

Dans « Emerveillement », il y avait comme un abécédaire commun mais un langage propre de celui-ci au sein de chaque atelier.

« Etrangeté », présent dans le processus, dans la rencontre des pratiques artistiques et à travers les croisements singuliers des publics.

« Dedans / Dehors » cette thématique traverse tous les ateliers et le projet à différents niveaux : la topographie, les institutions voisines, les sorties culturelles, les interventions dans l’espace public... Si Emerveillement existe, c’est aussi parce que ça fait sens et lien avec le territoire et la commune. Watermael–Boitsfort, c’est beau. Une beauté venant du son rapport à la nature, de la présence forte de la Forêt de Soignes (60% du territoire de Boitsfort), de l’harmonie urbanistique visible à travers les cités jardins Logis et Floréal, de la floraison des cerisiers du Japon et aussi de son statut de village dans la ville.

« Fil et aiguille » est aussi un langage commun du processus et des ateliers. Le fil, l’aiguille dans la création et fabrication des costumes, le tissage des voix dans l’atelier chant. Le fil de l’histoire des ateliers théâtre et dramaturgie. Les dramaturges sont les garants de la conduite. Ils alimentent, nourrissent et veillent à la cohérence (le fil) du projet dans son ensemble. Les créations de grandes aiguilles l’atelier de théâtre et de performances plastiques contemporaines. Le travail sur le fil avec des ados déficient mentaux, des personnes très âgées et des individus en rupture de lien.

« Le collectif / langue partagée » est un autre axe développé dans le projet et au sein des différents ateliers. Le plateau de théâtre espace du collectif. La création du spectacle c’est la matérialisation du collectif.  Dans le projet, il y a aussi la circulation des participants entre les ateliers. Quelques participants participent à plusieurs ateliers au sein du même projet. Les dramaturges s’invitent aussi au sein de tous les ateliers pour faire lien. Les séances collectives, le rassemblement de tous durant les temps forts avaient comme but la création de la représentation.

« Le fragment / le patchwork » est la dynamique que l’on retrouve au sein des différents ateliers. Le fragment est présent dans l’atelier de dramaturgie. Travaille sur un fragment de deux textes qui sont des matériaux utilisés par un autre atelier. Lessing parle de la dramaturgie comme une pratique visant à questionner et à produire de la pensée mais c’est aussi tout ce qui se passe du texte à la scène. Les dramaturges d’Emerveillement ont opéré ce double mouvement entre texte et représentation.

« Le geste », est ce qui transpire dans tout le processus. Tout Emerveillement est un geste. Un geste artistique et social. Un geste expressif et politique.

Le geste comme dynamique créative, l’élan qui traverse le projet tout entier. Chaque proposition, chaque chemin emprunté au sein des différents ateliers est une adresse. Le geste comme un signe éphémère des ateliers ados et anciens le temps d’une performance.

Notre Emerveillement est une tentative pour la beauté du geste.

A la fin du processus, il y a deux semaines de travail de création et de répétitions communes prévues. C’est une expérience très proche d’une expérience professionnelle. La présentation publique de « Notre Emerveillement » a eu lieu en juin 2015 et 2016 à l’Espace Delvaux.