On ne badine pas avec l'amour
Une chambre d’enfant. Couleurs jaunies, presque moites. Des poupées décharnées emplissent la pièce, l’air absent, le visage vide. L’une est grande, longiligne, presque squelettique, l’autre plus petite et généreuse, et l’autre encore, plus forte, puissante. Hommes, femmes. Lunettes, coiffures, bras, jambes, mains, doigts. Bouches tordues dans le vide. Yeux éteints. Les poupées s’allument, s’agitent, prennent forme, parlent, courent, mentent, pleurent, crient, s’aiment, se haïssent, sourient, s’éteignent. Encore.
Camille dort peu.
Camille ne dort pas.
Camille ne sait plus.
Camille est perdue.
Tout recommence toujours, un cercle infini de hasards perdus, de pénibles badinages, d’hésitations, de jeux, d’amour. La roue du destin. Camille se perd dans les méandres des choix. Camille essaye. Camille recommence. On tourne, on détourne, on se joue des tours. Mais tout tourne toujours mal.
Camille a peur.
Camille sait.
Camille essaie.
Camille oublie.
Quand le début n’est plus que la fin, que les éléments s’enchaînent pour l’implacable, lorsque chaque combinaison est différente mais que l’inéluctable pèse, alors que le destin se joue du hasard, Camille, presque passive, essaie d’agir.
Camille espère.
Camille observe.
Camille joue.
Camille recommence.
Mais recommencer n’efface pas le passé. Recréer n’efface pas le passé. Ce qui est arrivé, est arrivé. Et arrivera. Les fatales conséquences de tes badinages ne pourront s’effacer. Mais, essaie, Camille. Essaie.
Maxime Deckers
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueuilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompés en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueuil et mon ennui.
Perdican, acte II scène 5
Année
2007 - 2008
Jeu
Alice Antoine
Audrey de Gheldere
Maxime Deckers
Marie Delens
Charlotte Georget
Emmanuel Hennebert
Pierre Humblet
Ludovic Thysebaert
Coline Wauters
Mise en scène
Vanessa Bortoluzzi, assistée par toute la classe
Scénographie
Pierre Cap et Macha
Musique originale de la boîte à musique
Pierre Cap
Vidéo et régie
Xavier Portela
Collaboration
Avec l’aide de Botanica