L’œuvre de Daniel Schell s’inspire du dixième voyage de Dotremont en Laponie, entre le 22 avril et la fin mai 1976. Un voyage qu’il effectue en compagnie d’une jeune universitaire, Caroline Ghyselen, qui prépare un mémoire sur son œuvre.

La découverte du « grand nord » a très certainement nourri profondément son travail ; comment ne pas faire le lien entre la surface blanche de la feuille de papier et l’immensité du paysage lapon où il va prolonger son geste d’écriture jusque dans la neige.

C’est un homme épuisé par la maladie qui fait ce voyage, il lui reste 3 ans à vivre. Le retour en Laponie semble être la source d’un nouvel enthousiasme, un temps d’intensité créative, un ressourcement indispensable afin de poursuivre son œuvre et résister à la maladie qui le dévore.

Pour donner corps à l’expérience de l’artiste, à ce glissement inouï entre l’exiguïté de la chambre, de la page d’écriture et l’immensité et la lumière de l’extérieur nous avons imaginé un dispositif scénographique qui met en tension ces deux réalités : l’intime de l’habitat et la vastitude.  Nous imaginons un dialogue entre le dedans (la chambre d’hôtel où Dotremont écrit et peint) et le  dehors (l’espace vaste de la nature et de la lumière).  Ce qu’offre cet ultime voyage à Dotremont, c’est l’expérience physique et sensible d’une réalité en lien avec le geste poétique et intime de l’écriture.

Entre monologues parlés-chantés et mélodies, l’opéra propose un voyage poétique dans une forme libre et chorale où dialoguent musique, image et lumière.

Pascal Crochet