Photographe : Alessia Contu

Tarzan

Tarzan c’est avant tout une voix, celle d'un solitaire qui monologue, à la recherche de sa vérité.

C'est une voix qui tâtonne, qui divague et balbutie le récit d'un errant.

Tarzan est un chanteur, un buveur aussi, et qui n'a pas eu la vie facile.

Mais Tarzan c'est aussi un corps qui danse, qui souffre, qui bouge et s'emporte.

Le texte c'est ça… l’incursion dans la tête fragile d'un homme qui bat la chamade.

Dans un espace restreint et une lumière rare un acteur/écrivain porte la singulière présence de cet « autre », cet agité qui a pour nom Tarzan…

Pascal Crochet

Il est question de père de fils  D'enfants blessés  C'est l'histoire d'un homme
qui se bagarre pour trouver sa musique  Qui vide son sac
Pour s'envoler

 

« Tu l’as vu celui-là

C’est la boxe gamin

Mais du pif j’en ai toujours

Et l’air d’ici il a l’odeur du noir

L’humeur du trou qui fond

La vie est morte dans le coin

Moite

Humide à coller

Moite

J’étouffe

Je veux du jour »

 

« Je veux qu’on me voit

Mais il y a écrit ratage

Foirage

Merdasse


Poussière


Néant


Vieille sacoche à purin

Pelure de débris

Je te l’avais dit de venir maintenant c’est trop tard

Je crache »

 

« Je veux dormir dans une mer de chaleur Relever les yeux
  Respirer tout mon corps
  Tomber tout entier dans le fond de ma chanson Mon air à moi

Un air de rien peut-être mais mon air le mien

Une petite voix de derrière la porte qui murmure un bouquet Qui cherche un asile de carpette
Une voix qui ferait didou pas fort pour ne pas faire peur
Une voix d’enfant d’il y a longtemps

Ouaih
  Vieux mur de gravats cherche ravaleur pour digestion
  Vieille cheminée cherche père Noël pour ramonage en douceur »

 

« Il y a  
Au fond d’un jardin oublié
  Une porte de lierre
  La clé est à l’envers et la serrure usée  
Mais pour qui sait y faire avec l’usure avec l’envers Avec un coup d’épaule et deux doigts de doigté
  Il est possible d’ouïr chanter le son des gonds  
Le son des gonds d’éternité »

 

« Je guette mon doigt

Si y'a de la vie s'il se lève

S'il se pose sur ma lèvre

Comme un souvenir de baiser pour dire chut

Pour arrêter le bruit et montrer la route

Pour dire tais-toi vieille langue Ecoute un peu le bourgeon timide y'a d'la vie qui se lève »

Thierry Lefèvre

« Il faut bien s’y résoudre: “Tarzan” gardera des mystères, tout autant qu’il fera surgir des souvenirs, soulèvera des émois, tirera des sourires, libérera les pensées. “Tarzan” a de la force, de l’énergie, du panache, et d’innombrables failles.  Il faudra s’y faire: ne pas tout comprendre, ne même pas essayer, se laisser glisser, emporter par le flot des mots, oser
boire la tasse, affronter la peur,
s’amuser du vertige. (…)  Evanescente et terrienne, l’écriture de “Tarzan” prend corps en même temps qu’elle s’enfuit. On y glane de la nuit, de la guerre, de la poussière, de l’alcool, du dégoût, de l’oubli des comptines, des coups pris et rendus, des mots dits et entendus, la perte, le pire.  C’est l’histoire d’un homme en quête de ses quatre vérités, un homme habité par toutes les voix qui l’ont construit, qui l’ont détruit.  Auteur et acteur, Thierry Lefèvre est accompagné dans cette aventure par Pascal Crochet – qui embrasse d’un regard précis ces méandres intranquilles. »

Marie Baudet / La Libre Belgique

 

Attention au titre : s’il y a jungle, elle se trouve dans le décor, évoquant les racines d’on ne sait quelle forêt toute intérieure. Et si l’acteur/auteur du texte, Thierry Lefèvre joue de tout son corps, parfois proche de la danse, c’est pour défendre son texte  plus que pour sauter de liane en liane, à la recherche de Jane. C’est, dit le metteur en scène Pascal Crochet, l’histoire d’un homme qui se bagarre pour trouver sa musique, qui vide son sac pour s’envoler…C’est avant tout une voix…qui s’invente un interlocuteur et profite de ce fantôme pour faire entendre des bribes de sa vie…C’est le récit d’un errant…un chanteur, un buveur aussi.  L’ombre du père et de la famille rode mais on peine à trouver un noyau central, un fil conducteur. Il faut accepter l’errance intérieure comme thème dominant d’un texte aux envolées poétiques qui parfois vous emportent et  parfois vous larguent.

Christian Jade / RTBF

 

« On ne peut résumer Tarzan, monologue poétique d’un être qui se cherche et se dit par bribes, plongées dans la mémoire, souvenirs discontinus dont nous ne pourrons reconstituer le cours. Le personnage est son propre interlocuteur mais il s’adresse aussi à un petit garçon dont la photo est affichée. Son fils ? lui-même enfant ? L’enfance, en tout cas, est évoquée (invoquée ?) ainsi que le lien entre père et fils – est-ce à son père qu’il parle ? à une figure tutélaire ? Images de sang, de boue, de mort, voici qu’une locomotive envahit et soulève des terres : cauchemar destructeur ? rappel d’une guerre ? Et Tarzan appelant Jane, souvenir de livres ou de films dont le héros ne meurt jamais ?

On aimerait qu’un éditeur nous permette de lire ce texte, difficile mais envoutant, dont la langue est belle, et qui nous a révélé un aspect jusqu’ici ignoré de la personnalité de Thierry Lefèvre. »

Claire-Anne Magnès / La revue générale

 

 

« La scénographie (très simple pourtant) d’Alicia Jeannin et les magnifiques mises en lumière de Florence Richard nous permettent de nous croire dans une cave, une grotte, une cage, une prison, un asile, au gré de notre imagination.  C’est elle qui, sans cesse titillée par le texte et l’interprétation (superbe) de Thierry Lefèvre, nous entraîne, à sa suite, dans les méandres d’une mémoire, dans des bribes de souvenirs torturés, triturés, noircis ou magnifiés. Soutenu par la mise en scène sensible et respectueuse des nuances de Pascal Crochet, Thierry Lefèvre nous emporte dans un voyage étrange, surprenant, empli de poésie, de tendresse, mais aussi de souffrance larvée.  Tarzan est de ces spectacles que l’on pourrait voir et revoir sans jamais percevoir ou ressentir les mêmes sentiments, douleurs, impressions tant il recèle de mots, de phrases, qui font écho en nous, nous interpellent, nous intriguent et donc susciteront des émotions forcément différentes. »

Muriel Hublet / Plaisir d’offrir

Création en septembre 2013

Distribution

Texte de et avec
Thierry Lefèvre

Adaptation et mise en scène
Pascal Crochet

Scénographie et costumes
Alicia Jeannin


Création lumière
Florence Richard

Création sonore
Raymond Delepierre
Pascal Crochet

Production

Rideau de Bruxelles en partenariat avec le Poème 2