Tarzan
Tarzan c’est avant tout une voix, celle d'un solitaire qui monologue, à la recherche de sa vérité.
C'est une voix qui tâtonne, qui divague et balbutie le récit d'un errant.
Tarzan est un chanteur, un buveur aussi, et qui n'a pas eu la vie facile.
Mais Tarzan c'est aussi un corps qui danse, qui souffre, qui bouge et s'emporte.
Le texte c'est ça… l’incursion dans la tête fragile d'un homme qui bat la chamade.
Dans un espace restreint et une lumière rare un acteur/écrivain porte la singulière présence de cet « autre », cet agité qui a pour nom Tarzan…
Pascal Crochet
Il est question de père de fils D'enfants blessés C'est l'histoire d'un homme
qui se bagarre pour trouver sa musique Qui vide son sac
Pour s'envoler
« Tu l’as vu celui-là
C’est la boxe gamin
Mais du pif j’en ai toujours
Et l’air d’ici il a l’odeur du noir
L’humeur du trou qui fond
La vie est morte dans le coin
Moite
Humide à coller
Moite
J’étouffe
Je veux du jour »
« Je veux qu’on me voit
Mais il y a écrit ratage
Foirage
Merdasse
Poussière
Néant
Vieille sacoche à purin
Pelure de débris
Je te l’avais dit de venir maintenant c’est trop tard
Je crache »
« Je veux dormir dans une mer de chaleur Relever les yeux Respirer tout mon corps Tomber tout entier dans le fond de ma chanson Mon air à moi
Un air de rien peut-être mais mon air le mien
Une petite voix de derrière la porte qui murmure un bouquet Qui cherche un asile de carpette Une voix qui ferait didou pas fort pour ne pas faire peur Une voix d’enfant d’il y a longtemps
Ouaih Vieux mur de gravats cherche ravaleur pour digestion Vieille cheminée cherche père Noël pour ramonage en douceur »
« Il y a Au fond d’un jardin oublié Une porte de lierre La clé est à l’envers et la serrure usée Mais pour qui sait y faire avec l’usure avec l’envers Avec un coup d’épaule et deux doigts de doigté Il est possible d’ouïr chanter le son des gonds Le son des gonds d’éternité »
« Je guette mon doigt
Si y'a de la vie s'il se lève
S'il se pose sur ma lèvre
Comme un souvenir de baiser pour dire chut
Pour arrêter le bruit et montrer la route
Pour dire tais-toi vieille langue Ecoute un peu le bourgeon timide y'a d'la vie qui se lève »
Thierry Lefèvre
« Il faut bien s’y résoudre: “Tarzan” gardera des mystères, tout autant qu’il fera surgir des souvenirs, soulèvera des émois, tirera des sourires, libérera les pensées. “Tarzan” a de la force, de l’énergie, du panache, et d’innombrables failles. Il faudra s’y faire: ne pas tout comprendre, ne même pas essayer, se laisser glisser, emporter par le flot des mots, oser boire la tasse, affronter la peur, s’amuser du vertige. (…) Evanescente et terrienne, l’écriture de “Tarzan” prend corps en même temps qu’elle s’enfuit. On y glane de la nuit, de la guerre, de la poussière, de l’alcool, du dégoût, de l’oubli des comptines, des coups pris et rendus, des mots dits et entendus, la perte, le pire. C’est l’histoire d’un homme en quête de ses quatre vérités, un homme habité par toutes les voix qui l’ont construit, qui l’ont détruit. Auteur et acteur, Thierry Lefèvre est accompagné dans cette aventure par Pascal Crochet – qui embrasse d’un regard précis ces méandres intranquilles. »
Marie Baudet / La Libre Belgique
Attention au titre : s’il y a jungle, elle se trouve dans le décor, évoquant les racines d’on ne sait quelle forêt toute intérieure. Et si l’acteur/auteur du texte, Thierry Lefèvre joue de tout son corps, parfois proche de la danse, c’est pour défendre son texte plus que pour sauter de liane en liane, à la recherche de Jane. C’est, dit le metteur en scène Pascal Crochet, l’histoire d’un homme qui se bagarre pour trouver sa musique, qui vide son sac pour s’envoler…C’est avant tout une voix…qui s’invente un interlocuteur et profite de ce fantôme pour faire entendre des bribes de sa vie…C’est le récit d’un errant…un chanteur, un buveur aussi. L’ombre du père et de la famille rode mais on peine à trouver un noyau central, un fil conducteur. Il faut accepter l’errance intérieure comme thème dominant d’un texte aux envolées poétiques qui parfois vous emportent et parfois vous larguent.
Christian Jade / RTBF
« On ne peut résumer Tarzan, monologue poétique d’un être qui se cherche et se dit par bribes, plongées dans la mémoire, souvenirs discontinus dont nous ne pourrons reconstituer le cours. Le personnage est son propre interlocuteur mais il s’adresse aussi à un petit garçon dont la photo est affichée. Son fils ? lui-même enfant ? L’enfance, en tout cas, est évoquée (invoquée ?) ainsi que le lien entre père et fils – est-ce à son père qu’il parle ? à une figure tutélaire ? Images de sang, de boue, de mort, voici qu’une locomotive envahit et soulève des terres : cauchemar destructeur ? rappel d’une guerre ? Et Tarzan appelant Jane, souvenir de livres ou de films dont le héros ne meurt jamais ?
On aimerait qu’un éditeur nous permette de lire ce texte, difficile mais envoutant, dont la langue est belle, et qui nous a révélé un aspect jusqu’ici ignoré de la personnalité de Thierry Lefèvre. »
Claire-Anne Magnès / La revue générale
« La scénographie (très simple pourtant) d’Alicia Jeannin et les magnifiques mises en lumière de Florence Richard nous permettent de nous croire dans une cave, une grotte, une cage, une prison, un asile, au gré de notre imagination. C’est elle qui, sans cesse titillée par le texte et l’interprétation (superbe) de Thierry Lefèvre, nous entraîne, à sa suite, dans les méandres d’une mémoire, dans des bribes de souvenirs torturés, triturés, noircis ou magnifiés. Soutenu par la mise en scène sensible et respectueuse des nuances de Pascal Crochet, Thierry Lefèvre nous emporte dans un voyage étrange, surprenant, empli de poésie, de tendresse, mais aussi de souffrance larvée. Tarzan est de ces spectacles que l’on pourrait voir et revoir sans jamais percevoir ou ressentir les mêmes sentiments, douleurs, impressions tant il recèle de mots, de phrases, qui font écho en nous, nous interpellent, nous intriguent et donc susciteront des émotions forcément différentes. »
Muriel Hublet / Plaisir d’offrir
Création en septembre 2013
Distribution
Texte de et avec
Thierry Lefèvre
Adaptation et mise en scène
Pascal Crochet
Scénographie et costumes
Alicia Jeannin
Création lumière
Florence Richard
Création sonore
Raymond Delepierre
Pascal Crochet
Production
Rideau de Bruxelles en partenariat avec le Poème 2